LE DEVOIR
Le vendredi 13 octobre 2000
Photo Jacques Grenier
Contrepartie d'An American In Paris, il y a, depuis quelques années, une Française qui chantonne en Amérique, au service des répertoires de Misraki,Legrand, Brel, Trenet et, maintenant, Édith Piaf.
Raquel Bitton est un cas. Marocaine d'origine, elle a grandi à San Francisco:
c'est pourtant une chanteuse française. Mais qui fait presque exclusivement carrière aux États-Unis, presque exclusivement en français dans le texte. C'est-à-dire qu'elle interprète sur diverses scènes à travers le continent - et jusqu'au chic Carnegie Hall - les grands de l'âge d'or de la chanson française. En quatre albums (dont un de matériel country, en anglais), elle a déjà couvert pas mal de terrain: I Wish You Love échantillonnait les Jean Sablon, Trenet, Brel et consorts, In A Jazzy Mood proposait sa relecture des chansons de Paul Misraki (Tu n'peux pas t'figurer) et le récent Raquel Bitton. Sings Edith Piaf, comme le titre l'indique, est dédié au répertoire de la Môme.
Succès monstre
C'est son grand succès. Créé en 1982, donné depuis en diverses versions (spectacle, ballet, documentaire, pièce à deux personnages sur la relation Piaf-Cocteau), le Piaf par Bitton «sidère» les Ricains, à ce qu'on peut lire dans le dossier de presse. Salles combles dans toutes les grandes villes de Boston à Seattle, prolongation prévue au Japon (succursale de l'Amérique, comme chacun sait), le tabac Piaf-Bitton a de quoi tenir compagnie à ce bon Aznavour, qui devait se sentir un peu seul à donner du For Me... formidable aux ladies and gentlemen. «Il y a en ce moment, en Amérique, une Piafmania», constate l'intéressée, dynamique petit bout de femme, rencontrée dans le hall d'un hôtel montréalais. «Les Américains n'en croient pas leurs yeux. Et ce n'est pas seulement l'auditoire mûr auquel on s'attendrait: à Seattle, il y avait des autobus de jeunes gens de 13, 15 ans qui faisaient une dissertation sur Piaf.»
. C'est le rêve de beaucoup de Français depuis le début du siècle: peu y sont parvenus. Chevalier, bien sûr, un peu Montand, Aznavour. Et Piaf, le temps d'un spectacle au même Carnegie Hall en 1956. Et voilà cette Française enfant d'Amérique qui, de l'intérieur, donne aux Yankee Doodle Dandies ce qu'ils veulent: un zeste de France, «a little bit of Paris» (titre de son prochain spectacle), bref, très exactement l'idée romantico-touristique de la patrie de l'amour douloureux, sur l'air de La Marseillaise telle que chantée dans la fameuse scène du film Casablanca. «Les gens veulent s'asseoir et écouter des chansons qui expriment leurs émotions. Avec Piaf, ils sont servis.»
Enfant, Raquel était de son âge, fredonnant Sonny & Cher «sans savoir les paroles», passant et repassant les super-45-tours de France Gall et Sheila. C'est dans la collection de papa Bitton qu'elle a découvert la chanson d'auteur française, et Piaf. «Mon père me disait toujours: Raquel, il faut que tu écoutes ces belles chansons! Elles ont du poids, du volume, elles ont des vies entières à raconter. Je préférais le rock'n'roll. Il a fallu un coeur brisé, mon premier amour, pour que je m'aperçoive que dans ses chansons, Piaf parlait de moi! La première que j'ai entendue s'appelait C'est l'amour. "Sans larmes, il n'y a pas d'amour... " C'était exactement ce que je ressentais. Alors, j'ai écouté tout Piaf.»
Et tout appris de sa vie: Raquel Bitton se décrit comme une «fouilleuse».Elle a voulu savoir d'où venaient les chansons, connaître les paroliers et les compositeurs. «Pas tous ses collaborateurs m'ont éblouie. Mais certains sont vraiment formidables. J'ai fait des recherches à leur sujet. Sur Raymond Asso, qui a écrit des chansons extraordinaires comme Mon légionnaire. Sur Michel Emer, Henri Contet et votre Claude Léveillée. C'est ça qui m'intéresse: l'histoire de Piaf à travers ses chansons.» C'est ce qu'elle donne en spectacle: une bio en chansons. «J'ai réussi - sur les 450 titres de son répertoire - à en prendre 24 qui la racontent. T'es beau, tu sais, que lui avait écrit Moustaki, parle d'elle, de la "gosse aveugle" qui demeurait dans le bordel de sa grand-mère. Le Noël de la rue, c'est sa vie. Dans le spectacle, je raconte de petits événements qui enchaînent avec les chansons. Et, par là, le public revoit Piaf.»
Piaf, mais pas Piaf . Tout au long de l'entrevue, la chanteuse insistera sur un point pour elle capital: Piaf she's not. «Je n'ai pas eu sa vie. Je n'ai pas eu ses amants.Je ne suis même pas de sa génération. Mais sa vulnérabilité fait écho à la mienne, à la vôtre. Il y a une coïncidence au niveau du timbre, c'est évident. Mais je ne suis pas la seule. Piaf, ses grands-parents étaient du Maroc. Je viens de là aussi. C'est une tonalité de région. Mais il y a des différences. Elle chantait en dehors de la note, moi sur la note. Elle, c'était l'alcool et les hommes. J'ai une vie très disciplinée. Elle mangeait de la viande crue, je suis végétarienne. J'ai le timbre et la passion de Piaf. Le reste est de moi.» Noté. Restera, après le Québec ce samedi, à en convaincre la France. Où l'on regarde d'un drôle d'oeil cette Française d'Amérique qui triomphe dans un spectacle symphonique avec «leur» Piaf. «Les Français ne veulent pas y toucher. Pourtant, ne plus toucher à ce répertoire, c'est l'oublier. J'irai en France, mais à ma façon. Avec le grand orchestre. Comme cela n'a jamais été fait.» Raquel Bitton ne doute de rien. Ni d'elle, ni de Piaf. Du point de vue américain, rien de plus normal.
MCCALL MAGAZINE
RAQUEL BITTON: Sings Edith Piaf, Volume 1 The Golden Years (Omtown)
Maybe it was the snowy day. Listening to French Moroccan
Raquel Bitton sing the songs of Edith Piaf swept me away to
another continent. Piaf's career ended in 1963, when she
died at age 47, but her influence on the French Cabaret
transcends her time. On her late-2000 release, "Sings
Edith Piaf, Volume 1 The Golden Years," Bitton does a
remarkable job of evoking the mood of Piaf's recordings
without any unseemly imitation. Her voice is able to capture
both the sadness of "Mon Legionnaire" and the
lilting, light-hearted quality of "Enfin Le Printemps."
It all sounds contemporary, yet intimate, with a poignancy
that transcends the language barrier. Bitton's re-creation
of the mesmerizing sounds of a small Parisian club is easy
to appreciate.
-- Larry Printz
Raquel Bitton, la Française d'Amérique
Sylvain Cormier
"Passion is at the core of the "Piaf" Persona, in this case there is a surrogate, she is RAQUEL BITTON." - Anna Kisselgoff.
New York Times
"Dear Raquel, your singing is superb, and I was so happy to find out to which extent you possess the "Climat" PIAF. Your voice, your heart, your talent would have pleased her so much, I assure you. - HENRI CONTET (Author of more than 40 of Piaf's songs..Le Vieux Piano, T'es beau tu sais...)
RAQUEL BITTON CHANTE ÉDITH PIAF: SA VIE... SES CHANSONS...
Au théâtre Maisonneuve de la PdA
Samedi 14 octobre
©Le Devoir 2000
Rave CD review in the Toronto Star
My husband and I just got home from your performance at
Toronto's Massey Hall. Wow!!!! What a show! We
won the tickets from a local radio station, and neither of
us speaks or understands French very well. You
introduced us to Edith Piaf and her life with such emotion
and feeling that we just sat mesmerized. It was such a
fabulous evening that I can see myself listening to my
new CD over and over again.
Thank you for an unforgettable evening!
-Sue DeAngelis
REVIEWS on the net.
Editorial Reviews
Amazon.com
It is, of course, a ridiculous notion: breathing
life into a long-gone musical legend in performances and,
seemingly even more outre, in the recording studio.
And the subject of the tributes is not Elvis but Edith Piaf,
the improbable French pop legend whose incredible life reads
like seedy, over-the-top pages discarded from a Jackie
Collins novel. But ludicrous or not, Raquel Bitton has
tackled the task with a verve and courage worthy of the
street-corner nightingale herself. And while the voice
may not always be the virtually operatic vessel that Piaf
possessed, Bitton's is a good deal more than "close
enough for jazz, " as the saying goes. More
importantly, the chanteuse captures Piaf's intense
emotionality and grand theatrical essence, the very
elements that turn mere pop songs into hymns, confessionals
and, at their best, self-contained, three-minute operettas.
Bitton cannily delivers the goods in bilingual fashion,
making Piaf's challenging body of work all the more inviting
to unfamiliar listeners. Bob Holloway's effectively
spare arrangements capture the vintage air of the originals
making the album's gimmicky scratchy phonograph record
opening a bit superfluous. A sonically transparent way
to (re)discover the legend that is Piaf.
-- Jerry McCulley